Le Forum romand 2022, une édition riche en enseignements


Le Forum romand a permis un échange entre les participants suisses et des experts de la France et du Canada. Les 3 intervenants qui étaient en visio-conférence ont présenté quelques tendances en France et au Canada au niveau de la demande de formation continue.

Quelles sont les tendances au niveau de la demande en France et au Canada ?

Jérôme Bruet a mis en avant le changement de paradigme dans la formation continue qui a lieu en France. Auparavant on parlait du point de départ et du parcours de formation mais à l’heure actuelle il faut déplacer le curseur sur la ligne d’arrivée. Quelles sont les compétences opérationnelles qui seront acquises, c’est la certification qui motive les apprenants à finir leur parcours de formation.

C’est pourquoi, la question des micro credantials qui peuvent prendre plusieurs forme (badge, certification, attestation, diplôme) est importante pour valider les étapes des parcours de formation. On passe à une ingénierie de certification/des compétences au lieu d’une ingénierie de formation.

Une des tendances de fond est la granularisation du diplôme et du grain pédagogique.

Auparavant le diplôme avait une valeur de 10 ans. Aujourd’hui les compétences acquises ont une validité de 18 mois. Il y a une grande volatilité des compétences.

Alice Colombel s’est ensuite questionnée sur les conséquences de cette tendance sur la posture du formateur ? Auparavant, il y avait une commande (durée de la formation sur un thème). Le formateur remplissait son contenant (durée) par son expertise. Actuellement la formulation des besoins est plus opérationnelle et moins générique. Un objectif est donné et le formateur doit sélectionner son savoir/expertise de manière ciblée pour répondre aux compétences ciblées demandées. Le programme de formation doit être organisé avec du sens pour atteindre cet objectif. Au préalable, il y avait une notion de déversement du savoir sur les apprenants, maintenant le formateur devient un guide, un coach qui accompagne les apprenants afin de les faire franchir la ligne d’arrivée. Il a un rôle de motivateur, de navigateur. La notion clé est que l’on est acteur de sa formation, l’apprenant n’est plus dans une posture passive.

Pour terminer, Sophie Lanoix du Canada a présenté quelques tendances telles que la mise en avant des compétences transversales comme thématique clé. Le changement de format et l’utilisation du blended-learning est particulièrement utilisé et la formation en présentiel est perçue comme un moyen de socialisation au sein des entreprises. La question de la granularisation est également une tendance. La formation doit être morcelée pour répondre aux besoins des apprenants, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de formateurs.

Plusieurs questions ont été posées aux intervenants.

Comment mobiliser les apprenants ?

Selon Alice Colombel, il faut lever un tabou qui est : apprendre requiert des efforts. Le gain de la formation doit être visible et l’engagement de l’apprenant est proportionnel à l’engagement du formateur.

Est-ce que le Blended-learning fonctionne ?

Pour que le blended-learning marche, il faut une conception de la formation pour du blended-learning. Cette modalité a des avantages pour permettre par exemple une mise à niveau d’un groupe hétérogène, pour permettre à chacun d’aller à son rythme, pour permettre de revoir des éléments quand un contenu est complexe. Mais elle ne peut être utilisée partout.

Comment créer de la valeur autour des micro-crédits ?

Il y a 3 niveaux de valeurs : le protocole d’évaluation qui va permettre la validation des compétences doit être défini. Le rayonnement de la certification (exemple TOEFL) doit être mis en œuvre rapidement. La sécurité du diplôme doit être garantie, le diplôme de doit pas être falsifiable.

Il y a un changement au sein de la manière de concevoir la formation. L’ingénierie de certification permet de mettre au centre les besoins du terrain et l’évaluation se fait au niveau de la maîtrise des compétences. Cela change le focus car auparavant l’ingénierie des compétences en définissant des objectifs, des prérequis et des critères d’évaluation mettait au centre l’évaluation sommative. Cette dernière évalue le contenu et non le degré de maîtrise des compétences sur le terrain.

Image : FSEA