La journée thématique de la Conférence romande de la formation continue (CRFC), tenue le 7 octobre 2025, a réuni une cinquantaine de participants autour d’un enjeu central: comment stimuler la formation continue pour répondre aux besoins du marché du travail de demain.
Mme Céline Weber, Présidente de la CRFC et Conseillère nationale, a ouvert la journée en soulignant le rôle stratégique de la formation continue comme levier prioritaire de mobilisation de la main-d’œuvre indigène. Les échanges ont mis en lumière l’importance d’une approche concertée entre entreprises, partenaires sociaux et politiques publiques.
Former pour mobiliser: la vision de l’Union Patronale Suisse (UPS)
Mme Nicole Meier de l’Union Patronale Suisse (UPS) place la mobilisation de la main-d’œuvre au cœur de sa stratégie face à la pénurie persistante. L’Union Patronale Suisse mise sur la formation duale, la perméabilité des parcours en encourageant les passerelles vers des diplômes formels ; notamment pour les actifs sans diplôme, les personnes en situation de handicap ou les bénéficiaires de l’aide sociale. L’UPS privilégie des solutions coconstruites avec les branches et les régions (à travers des programmes tels que Check Your Chance ou Focus50+, Compasso ou encore l’Offensive de formation continue CSIAS) plutôt que des directives descendantes.
Les syndicats: la formation comme outil d’émancipation, de protection de l’employé et de participation démocratique
M. Vincent Vernez de l’Institut de formation des syndicats Movendo, a rappelé l’importance de garantir un droit à la formation. Les syndicats soulignent les obstacles financiers, temporels et linguistiques freinant l’accès à la formation. Ils défendent une diversification de l’offre de formation, plus flexible et inclusive, avec des formats courts, asynchrones ou multilingues, appuyée sur une mutualisation territoriale, ainsi que l’extension des conventions collectives (CCT) pour garantir de réels congés de formation. Le taux de réinscription de 80% aux formations offertes par Movendo illustre le potentiel de l’engagement collectif comme moteur d’apprentissage.
Perspectives cantonales et défis futurs
M. Philippe Guermann du Bureau cantonal de l’intégration (BCI – Canton de Vaud) a présenté les dispositifs favorisant les passerelles vers la formation qualifiante, en particulier pour les personnes issues de la migration ou de l’asile. Ces mesures financées par la Confédération et le Canton visent à répondre aux besoins des individus et du marché du travail.
Le Canton de Vaud renforce ses partenariats écoles-entreprises et ses projets pour l’accès au tertiaire, avec un ancrage dans les structures ordinaires.
Table ronde – Convergences et enjeux partagés
Les discussions ont souligné plusieurs défis:
- la pénurie de main-d’œuvre malgré la création d’emplois et l’arrivée annuelle d’environ 40 000 migrants rend essentiels les dispositifs linguistiques et d’intégration.
- les lacunes en compétences de base (langue, numérique),
- les effets ambivalents de l’intelligence artificielle (enjeux éthiques, anticipation des métiers de demain et risque de creuser les lacunes existantes),
- les exigences élevées pour la reconnaissance des diplômes étrangers,
- et la nécessité d’adapter la gouvernance et les financements.
Mais également plusieurs éléments réjouissants:
- la flexibilité du système de formation professionnelle suisse sans limite d’âge pour accéder au CFC,
- et les projets européens pour la garantie de titres reconnus (micro-certifications, passeport digital).
Le dialogue fait apparaître de fortes convergences : reconnaissance des besoins des publics, co-construction des solutions et objectif commun d’une employabilité durable. La réussite repose toutefois sur une coordination étroite entre les branches, les PME et les institutions, en tenant compte des réalités du terrain pour garantir un accès équitable et durable à la formation.
Entre innovation pédagogique, inclusion sociale et anticipation des métiers de demain, les acteurs réunis à la CRFC s’accordent sur une conviction commune : la formation continue est au cœur de la transition économique et sociétale suisse. Son succès reposera sur une mobilisation collective, une coordination renforcée et une volonté partagée d’offrir à chacun les moyens d’apprendre tout au long de la vie.