Le 1er octobre 2024, la Conférence romande de la formation continue (CRFC) a organisé sa journée thématique annuelle sur la mobilité et la flexibilité des carrières. Cet événement, introduit par Didier Juillerat, vice-président de la CRFC, visait à explorer les enjeux actuels et futurs du secteur de la formation continue, en prenant en compte les besoins spécifiques de la région romande.
L’impact de l’IA sur l’évolution des emplois
Matthieu Corthésy, formateur IA, a ouvert la journée avec une présentation sur l’influence croissante de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers actuels et futurs. Il a mis en évidence les défis que pose la délégation des tâches à l’IA, notamment:
- La nécessité de réduire les risques liés aux données confidentielles
- L’importance d’éviter l’utilisation erronée des outils d’IA
- Le besoin de combler la méconnaissance de ces technologies
Ces enjeux impliquent une collaboration renforcée entre les départements RH et la formation continue. L’IA, impactant des secteurs variés tels que l’administratif, la création, l’éducation et les loisirs, offre des opportunités nouvelles tout en soulevant des défis qui nécessitent des ajustements en formation.
Flexibilité des parcours de formation
Patrick Rywalski, responsable de la formation continue à la HEFP, a ensuite abordé la flexibilité des parcours de formation, insistant sur l’importance de nouvelles approches pour s’adapter à un marché du travail en constante évolution. Parmi celles-ci:
- L’apprentissage en ligne
- Les micro-certifications
- Les formations modulaires
- Les passerelles entre différentes formations
Ces approches sont essentielles pour favoriser la reconversion professionnelle et pour permettre aux individus de continuer à se former tout au long de leur vie.
Patrick Rywalski a également souligné l’importance de développer des ressources immatérielles telles que la confiance, l’authenticité et l’estime de soi, ainsi que d’adapter les parcours de formation aux réalités de la vie, qu’il s’agisse de chômage, de reconversion ou de situations de crise personnelle. Enfin, il a mis en lumière le potentiel des micro-certifications pour valider des compétences spécifiques, des formes innovantes d’offres comme par exemple les «Pass formation» et le rôle potentiel de la blockchain dans la reconnaissance et la sécurisation des acquis.
Le financement de la formation continue
Stéphane Jacquemet, FRAFFA – Fédération romande des acteurs de la formation des formateurs d’adultes, a traité du financement, qui reste un enjeu majeur et un sujet socio-politique clé pour la formation continue. Le financement de la formation continue, souvent supporté par les employeurs sans cadre légal clair, pose des problèmes d’inégalité d’accès aux ressources, notamment pour les personnes faiblement qualifiées ou en reconversion. Deux modèles principaux ont été discutés:
- Les subventions fédérales ou cantonales (financement de l’offre)
- Le financement individuel (financement de la demande)
Monsieur Jacquemet a noté que 80 % des personnes suivant une formation continue ne la financent pas elles-mêmes, soulevant ainsi des questions d’équité et d’accès.
Débat sur les responsabilités de l’État et des individus
La journée s’est conclue par un débat animé sur les responsabilités respectives de l’État et des individus dans le financement de la formation continue. Les participants ont critiqué l’obsolescence des dispositifs actuels de financement, qui ne seraient plus adaptés aux réalités post-COVID et aux évolutions rapides des technologies.
Conclusion
La journée thématique de la CRFC 2024 a permis de mettre en lumière la nécessité de renouveler les approches de la formation continue, d’accompagner les individus tout au long de leur carrière dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie («Lifelong learning») et de favoriser un accès équitable à la formation, dans un contexte de transformation rapide du marché du travail et des technologies.
En complément d’information, le postulat 24.3010, dont il a été question en début de journée.