Ils sont une vingtaine. Ils ont entre 20 et 25 ans. Ils sont confortablement installés sur des chaises qui dessinent un rond au centre de la pièce. Le débat fait rage : « Faut-il interdire l’utilisation des portables lors de nos séances de discussions communes ? ». Ils ont choisi de développer les compétences du leadership managérial en 3 ans et d’obtenir un bachelor en Économie d’Entreprise, en expérimentant une formation inédite en Suisse et qui propose une approche différente des modèles pédagogiques traditionnels. À savoir : ne plus être assis sur un banc d’école, mais prendre son cursus en main en vivant l’auto-organisation au sein d’une « Team Company ».
Immersion réalisée par Éric Basler de la FSEA
Ce lundi matin-là, à l’occasion de ma visite de la HES-SO Valais-Wallis à Sierre, je suis chaleureusement accueilli par Lionel Emery. Il est en même temps collaborateur académique et coach au service des apprenants en première année.
Le débat monte en intensité et continue avec une recommandation de certains de vouloir imposer des amendes aux retardataires. Les discussions vont bon train. Puis, ayant observé bon nombre de fautes d’orthographe lors d’une récente présentation à l’un de leurs clients, deux étudiants proposent une dictée à leurs collègues. L’exercice est apprécié à divers degrés par leurs camarades qui se prêtent au jeu, bon gré, mal gré.
La matinée se poursuit à l’initiative de l’un des leurs. Il organise un atelier inspiré par l’une de ses lectures récentes. Les thématiques développées en petits groupes traiteront de la guerre de l’eau et de ses répercussions subies par les populations les plus mal loties au niveau mondial. J’observe de mon côté la maîtrise de la communauté à pouvoir se gérer par elle-même.
À la pause de midi, nous sommes rejoints par Line Pillet, la directrice de l’institut « Entrepreneuriat & Management » de l’HES-SO Valais-Wallis.
Quelle est la genèse de votre programme ?
Rattaché à la filière Économie d’Entreprise de la HES-SO, en collaboration avec mes collègues Antoine Perruchoud et Lionel Emery, nous avons lancé la « Business Team Academy » en 2017. Actuellement mis en œuvre dans une trentaine de hautes écoles dans le monde, c’est un programme qui est toujours pionnier en Suisse. Nous nous sommes inspirés de la méthodologie finlandaise « Tiimiakatemia ». Comme la filière classique, cette dernière propose aux étudiants (ou plutôt aux « Teampreneurs ») de développer le profil de compétences d’un économiste d’entreprise en trois ans.
En effet, en parallèle de leur cursus théorique, ils vont devoir réaliser des projets pratiques en équipe pour des clients réels issus du tissu socio-économique régional et générer un chiffre d’affaires. En réalisant leurs projets, ils vont développer des savoir-être et des savoir-faire qui seront complétés et renforcés par l’expertise amenée par leurs professeurs-coachs et des intervenants externes.
Est-ce que cela veut dire que chaque équipe définit ses propres règles ?
Oui, c’est juste. Dès le premier jour, les étudiants ne seront pas assis derrière des bancs d’école, ils vont devoir prendre leur formation en main et réaliser des projets, leurs propres projets. Pour se faire, les Teampreneurs constituent une Team Company par volée. Chaque projet se monte et se gère en équipe de 3 personnes au minimum. Les portefeuilles de projets, ainsi que les flux financiers générés sont gérés par la Team Company.
En cas de bénéfices, ceux-ci sont utilisés en priorité pour les voyages apprenants et pour le montage de nouveaux projets. Les voyages apprenants ont pour objectifs la rencontre avec des Teampreneurs du réseau international de la Team Academy et le développement de projets à l’international avec eux. De plus, ils permettent de développer des compétences humaines et commerciales.
Qu’est-ce que ce modèle pédagogique implique pour chacun des Teampreneur ?
Le modèle pédagogique de la Business Team Academy se construit sur deux axes : l’un va de la capacité d’autonomie à celle de coopération au sein d’une équipe performante. L’autre axe se caractérise d’une part, par la gestion efficace des affaires courantes et d’autre part, par le courage d’aller vers l’innovation. Chaque Teampreneur est responsable de développer les 21 compétences clés visées par le programme Team Academy à un niveau professionnalisant.
À cette fin, ils doivent élaborer leur propre contrat d’apprentissage et le mettre à jour régulièrement. Ils vont donc devoir définir leurs objectifs et élaborer un plan d’action pour les atteindre. À l’issue de leur cursus, ils auront développé des savoirs théoriques et pratiques afin de devenir un manager ou un entrepreneur responsable.
Ces derniers sont transmis régulièrement à l’équipe afin de favoriser le partage des expériences réalisées. De plus, il leur est demandé de consigner l’ensemble de leurs apprentissages et de leurs compétences dans un document appelé le « portfolio d’apprentissage ».
Quel en est l’objectif ?
Très clairement : développer et libérer le potentiel de chacun. Notre ambition est de permettre aux étudiant, avant toute chose, de renforcer l’acquisition de compétences métier, sociales et personnelles, telles que la gestion de projet, la finance, le marketing, le leadership, la capacité d’apprendre à apprendre ou encore de travailler en équipe, etc. Ce, dès le premier jour de formation, car les étudiants sortent immédiatement de leur zone de confort et développent rapidement leur autonomie et leur capacité à affronter des situations réelles. La particularité est qu’en plus des compétences métier, nous avons intégré dans la formation des softskills qui sont toujours les plus recherchées sur le marché du travail, à savoir, l’esprit critique, la créativité, la communication interpersonnelle, le leadership, etc.
2e partie : La différence avec un bachelor classique
Accompagné de Line Pilet, directrice et de Lionel Emery, collaborateur et coach, je visite la HES-SO Valais-Wallis à Sierre. Dans la première partie, nous avons échangé au sujet de la genèse, du fonctionnement, des modèles pédagogiques et des objectifs de la Team Academy. Dans cette deuxième partie, nous abordons ensemble la spécificité de leur programme.
Quelle est la différence avec le cursus classique ?
À la Team Academy, tout d’abord, nous utilisons les 10 principes pédagogiques adaptés de la Formation centrée sur l’apprenant selon Carl Rogers puis la grille des cours disparaît. Comme, nous ne parlons plus de professeurs, mais de coachs qui éveillent et stimulent les potentiels individuels des participants. L’apprentissage en équipe et par l’action est au cœur de notre modèle pédagogique. Nous aidons nos étudiants à relever les défis technologiques et sociétaux actuels en plaçant l’humain au centre. Nous favorisons l’apprentissage avec les autres par le dialogue, en réfléchissant aux expériences et aux choses apprises. Notre méthode les encourage à relier les idées et les expériences partagées à la théorie en lisant des livres et en rédigeant des essais sur ceux-ci, puis en les partageant avec leurs pairs. Le travail de Bachelor, lui, sera en tout point identique à celui que passeront leurs collègues qui ont choisi le cursus du bachelor classique.
Doivent-ils également suivre un cursus théorique ?
Oui, ils ont un plan d’étude évolutif à disposition pour chacune de leurs années d’étude et qui leur permet de devenir les acteurs de leur formation. Tout en assurant le temps consacré aux projets, ils vont devoir organiser et participer à des « sessions de formation » en parallèle, cela en fonction des besoins révélés par les projets ou, simplement, pour acquérir de nouvelles connaissances. Ils devront également compléter par des lectures de leur choix. L’ensemble des compétences ainsi acquises et les outils qu’ils vont devoir utiliser vont se cristalliser dans la réalisation des projets.
Comment est-il construit ?
Les semestres 1 à 6 contiennent chacun 2 modules. Le 6e semestre comprend, en plus, un module relatif au travail de bachelor. Les promotions pour les semestres 1 à 5 se font sur la base de 2 modules principaux par semestre : le module « parcours d’apprentissage » qui doit refléter et mesurer la quantité et le type d’actions réalisées par le Teampreneur durant un semestre et le module « portfolio des compétences » doit refléter et démontrer le niveau d’acquisition du Teampreneur sur chacune des 21 compétences visées par le programme de la Team Academy.
Si j’ai bien compris, lors du « parcours d’apprentissage » vous stimulez la participation active ?
C’est exact, afin de pouvoir échanger entre eux, tous les Teampreneurs se réunissent avec leur coach deux fois par semaine lors de séances comme celle à laquelle vous avez assisté ce matin. Les sujets de ces séances, qui durent entre trois et quatre heures, peuvent servir aussi bien à l’échange de connaissances et d’expériences qu’au coaching de projets, à la définition d’objectifs et à l’organisation de la Team Company. Puis, en coopération avec leur coach, ils participent à des sessions de formation. Ces dernières se planifient et s’organisent en équipe durant le semestre. Pour chacune des sessions de formation, une thématique spécifique est choisie et des objectifs d’apprentissage à atteindre en équipe sont fixés. En parallèle, chacun d’entre eux devra faire la démonstration de leurs propres apprentissages.
Enfin, les Teampreneurs doivent organiser et participer à un échange au sein du réseau international de la Team Academy, ou éventuellement dans un autre contexte entrepreneurial et apprenant à l’occasion de voyages apprenants.
En quoi consistent les démonstrations d’apprentissage concrètement ?
En plus des projets appliqués, comme nous l’avons déjà évoqué, les Teampreneurs doivent aller au contact du marché et de clients réels lors des projets réalisés en équipe. Pour chaque projet, un suivi qualitatif et quantitatif des résultats obtenus est établi et mis à disposition de tous les Teampreneurs et de leur coach.
Dans le même temps, en tenant compte des thématiques abordées lors des sessions de dialogue ou des sessions de formation, ou à la suite des problématiques rencontrées dans la réalisation de projets, chaque teampreneur s’engage à compléter régulièrement son niveau de connaissance par des lectures individuelles. Ils partagent par la suite le contenu de leur apprentissage avec leur équipe.
Pour finir, ils doivent également rédiger d’articles réflexifs afin de développer une posture constructive et critique sur le développement de leurs compétences, dans un écrit organisé et structuré.
Pouvez-vous m’en dire plus sur le « portfolio des compétences » ?
Le portfolio est le document que rendent les étudiants en vue de leur évaluation. Il est basé sur la grille des 21 compétences visées par le programme Team Academy. À savoir : « l’apprenant en équipe », le « leader d’équipe » et l’« entrepreneur en équipe ». Elle composée de deux tiers d’hard skills, propres à un économiste d’entreprise (gestion de projet, marketing, finances, statistiques, etc.) et d’un tiers de soft skills (communication interpersonnelle, leadership d’équipe, etc.). Chaque Teampreneur est évalué sur la base de ses 21 compétences, d’un niveau de développement allant de « novice » à « professionnel ».
Qu’en est-il du système d’évaluation ?
Les évaluations s’effectuent dans le cadre des 2 modules principaux. Pour rappel, le premier est le module « parcours d’apprentissage » et le second est le module « portfolio des compétences ». Un nombre de points est attribué au Teampreneur en fonction de critères préétablis pour chaque activité validée comme, les lectures personnelles, la rédaction d’articles réflexifs et la réalisation de projets appliqués. Ensuite, chaque Teampreneur cumule des points à l’occasion de sa participation et de ses contributions aux sessions de dialogues, aux sessions de formation ou aux voyages apprenants.
Enfin, les évaluations à 360° des Teampreneurs ont lieu deux fois par année. Ces derniers sont évalués en particulier, par les pairs, les coachs des différentes équipes et des experts externes pour chacune des 21 compétences. Lors de cette évaluation semi-annuelle, l’étudiant doit également démontrer à travers son portfolio d’apprentissage la progression atteinte et doit obtenir le niveau minimum préalablement défini. Pour chaque semestre, un nombre de points minimum à atteindre est fixé sur la base des crédits ECTS afin qu’il puisse valider son module.
Est-ce que le « Business Team Academy » est à la portée de tous les étudiants ?
Nos étudiants sont amenés à modéliser la pratique en appliquant la théorie à la pratique et en utilisant leurs propres projets pour enfin modéliser l’acquisition des nouvelles connaissances en théorie. Ils développent également des soft skills, ce qui nécessite un travail de développement personnel. Tout cela nécessite une forte motivation ainsi que d’accepter de sortir de sa zone de confort et de se remettre en question. Ce sont les 3 éléments clés que nous identifions lors de la journée de sélection et qui sont importants pour rejoindre la Business Team Academy. Avec ces 3 prérequis, tous les étudiants sont les bienvenus à la Business Team Academy, qu’ils aient déjà un projet ou non, l’essentiel est qu’ils aient envie de développer des compétences par la théorie et la pratique.
Quelles sont d’ailleurs les conditions d’admission au programme Team Academy ?
Ce sont les mêmes que la Filière Économie d’Entreprise : il faut s’inscrire sur le site de la HES-SO Valais-Wallis de Sierre, envoyer une lettre de motivation et participer à une journée de sélection. Il est également possible de devenir étudiant d’un jour et de découvrir la filière Économie d’Entreprise le temps d’une journée. Chacun peut alors suivre des cours avec les étudiants et se renseigner, sur place, de manière plus détaillée. Puis, en guise de conclusion, sachez que pour garantir la qualité pédagogique de la formation, pas plus de 20 étudiants ne sont acceptés par Team Company.
3e partie : Ce qu’en pensent les étudiants
Alors que je visite la HES-SO Valais-Wallis à Sierre avec Line Pilet, la directrice et Lionel Emery, collaborateur et coach, nous avons discuté précédemment de la genèse, du fonctionnement, des modèles pédagogiques, des objectifs et la spécificité du programme de la Team Academy.
La pause de midi se termine et Lionel Emery se propose de me faire visiter les différents espaces de travail occupés par les trois volées en exercice. Chacune d’entre elles organise son emploi du temps de façon autonome et démocratique. Au détour d’un couloir, je croise l’une des étudiantes.
Pourquoi avez-vous choisi ce cursus plutôt que la version classique ?
En intégrant cette organisation apprenante innovante et dynamique, j’avais envie de prendre les commandes de ma formation en développant des projets réels en équipe. Avec mes collègues, nous avons créé notre Team Company sous la forme d’une coopérative. Notre objectif est de renforcer nos compétences de terrain et de créer de la valeur ajoutée pour nos clients et nos partenaires.
Alors qu’il s’est joint à la discussion, l’un de ses camarades témoigne qu’il apprend beaucoup sur lui-même en développant les 21 compétences qu’il va devoir valider jusqu’à la fin de son cursus.
Qu’appréciez-vous le plus ?
Le fait de pouvoir commettre des erreurs, de pouvoir être autonome et d’évoluer au centre d’une équipe qui a développé un projet d’un cybercommerce autour des vêtements de seconde main. Soutenus par nos coachs, nous vivons une culture d’apprentissage basée sur la créativité, l’expérimentation et l’art de décider par nous-mêmes, même si ce n’est pas évidant tous les jours.
Puis, j’ai adoré les sessions « 24 h ou 48 h client » durant lesquelles, une entreprise peut proposer aux Teampreneurs un challenge à relever en 24 ou en 48 heures. Dès la fin de celui-ci, le mandant décide le montant qui sera versé pour cette prestation, au vu de la qualité du travail fourni. Nous avons également vécu de nombreuses visites d’entreprises, de nombreuses rencontres inspirantes avec certains anciens étudiants comme avec différentes personnalités suisses et internationales.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ?
Après avoir appris ce que sont les valeurs importantes du leadership entrepreneurial, à savoir : l’autonomie, l’authenticité, la bienveillance, la responsabilité, le droit à l’erreur et la proactivité, je serai un manager capable de relever les défis technologiques et sociétaux du 21e siècle.
Nous continuons notre visite et, très enthousiaste, un autre étudiant me dit tout le bien qu’il pense du « Rocket model » — qui est le modèle pédagogique principal de la Team Academy. Ce modèle, m’explique-t-il, se fonde sur trois processus d’apprentissage : le premier, en équipe, j’ai beaucoup appris lors de mes échanges avec les autres. Le second, dans le cadre de notre propre entreprise, avec mes collègues, nous avons expérimenté le management grandeur nature lors des projets passionnants que nous avons réalisé. Enfin, le dernier, en individuel, car tout ce que j’ai accompli ici a réellement favorisé le développement de mes compétences personnelles.
Justement, quelles transformations personnelles avez-vous traversées en trois ans ?
En première année, j’ai vécu une sorte de « désapprentissage » des méthodologies de travail que j’avais pratiquées avant, car, en tant que Teampreneur, je me dois d’être autonome. J’ai donc appris à apprendre et à acquérir seul une multitude de connaissances de base sur de nombreuses thématiques et de différentes matières. Petit à petit, en créant et développant nos propres projets avec mes collègues, nous avons développé notre leadership tous ensemble. Parfois dans le conflit et la douleur, ce qui nous a permis d’acquérir de nouvelles compétences et de devenir de véritables entrepreneurs grâce à des expériences pratiques et connaissances théoriques fortes.
Qu’en retenez-vous alors que vous êtes aujourd’hui en troisième ?
J’ai vécu une sorte d’hyper apprentissage. Je ne suis plus du tout la même personne qu’à mon arrivée. Ce qui a parfois été difficile, mais, aujourd’hui, je me sens à l’aise dans la dernière phase de réalisation de mon projet ainsi que dans mes relations avec mes clients et mes partenaires. Je vis désormais l’innovation et l’agir entrepreneurial, car j’ai découvert ici une manière d’apprendre au-delà des modèles connus et que je vais utiliser toute ma vie.
4e partie : La définition de la pédagogie « active »
La pédagogie « active » est de fait moins cadrée que la pédagogie « traditionnelle », pour laquelle on a un référentiel (un programme à suivre) et des exercices calibrés pour tester les savoirs et savoir-faire. Avec les méthodes actives, l’apprenant est certes encadré, mais il est plus autonome dans sa démarche. Le travail se fait souvent en groupe. Il faut donc présenter au préalable et de manière claire à l’apprenant les objectifs de la démarche et les critères d’évaluation.
L’historique
La pédagogie dite active fut fondée principalement par Friedrich Fröbel reconnu comme étant le maître germanique de l’éducation du début du XIXe siècle et Johann Heinrich Pestalozzi, pédagogue suisse considéré comme le vrai fondateur de ce qui fut appelé la pédagogie active.
La pédagogie active se définit en opposition avec la pédagogie traditionnelle qui correspond à la pédagogie basée sur le principe de l’adulte, seul détenteur du savoir, qui transmet ses connaissances, « qui fait autorité, qui sanctionne ou qui récompense ». Cette pédagogie correspond à celle qui est majoritairement employée. Ainsi c’est celle que l’enfant connaîtra durant la majorité de sa vie d’élève. La pédagogie traditionnelle est aussi perçue comme autoritaire et symbole d’un conditionnement de l’élève par imitation.
Au contraire, la pédagogie active est « une méthode d’assimilation par l’appropriation et la découverte par l’apprenant lui-même ». Elle est reconnue pour le laisser agir, comme son nom l’indique, il devient alors acteur et seul maître de son apprentissage en fonction de ses besoins. C’est lui qui choisit ce qu’il désire apprendre et quand il le souhaite. Il est le seul moteur de son développement personnel, en fonction de ses propres objectifs d’apprentissage. De plus, la place du formateur par rapport à l’apprenant est complètement changée. Il devient simplement un médiateur entre l’adulte-participant et ce qu’il désire savoir, il le guide vers l’indépendance d’esprit, la curiosité et le désir d’acquérir de nouvelles connaissances, par lui-même.
Dans la pédagogie active, on ne dit pas à ce qu’il faut apprendre mais on laisse le groupe d’adultes en formation progresser à son rythme vers ce qu’il veut découvrir. Ainsi, les apprenants deviennent les acteurs de leur propre parcours de formation. On les laisse évoluer par eux-mêmes grâce à aux apports et compétences combinés.
Un élément important de la pédagogie active est la notion de projet. Dans cette acception, le terme de projet désigne la conception, la prévision d’une démarche selon laquelle l’esprit doit déployer une activité véritable en vue d’une fin précise. Un projet comporte des difficultés, que l’apprenant doit surmonter ; des problèmes qu’il doit résoudre ; des contenus qu’il doit comprendre, définir, assimiler, réutiliser ; des plans qu’il doit élaborer et mettre en œuvre. On passe ainsi d’une séquence traditionnelle, un cours (assimilation de notions), construit d’exercices (mise en application des notions) et d’une phase de contrôle (évaluation) ; à une séquence de confrontation à un problème concret durant lequel les participants vont effectuer une recherche d’information concernant ce problème (autoformation) et/ou d’une recherche d’une solution au problème. L’évaluation portant sur la globalité de la démarche, et notamment sur le savoir-être.
On parle alors d’un « contrat technique et pédagogique ». Ce dernier présente les attentes techniques, au sens large et selon la matière enseignée, les compétences qui devront être mises en œuvrent, ainsi que le volume du travail à fournir et le résultat final attendu. L’évaluation de ce qui a été appris se focalisera sur la démarche de l’apprenant, que la solution au problème soit « bonne » ou pas.
Le contrat peut concerner la globalité d’un cursus de formation : l’apprenant s’engage à mettre en œuvre tous les moyens à sa disposition pour le mener à bien. Il peut aussi concerner un projet particulier. Dans le cas d’un projet de groupe, le contrat peut définir la répartition des tâches techniques entre les apprenants ; cela permet au responsable pédagogique d’équilibrer la difficulté technique. Ce dernier peut ainsi proposer un contrat collectif ou des contrats individuels.
La pédagogie active en Allemagne (Handlungsorientierter Unterricht)
En Allemagne, la pédagogie active est devenue élément constitutif de tout enseignement, du primaire au baccalauréat. Elle est intégrée peu à peu au niveau universitaire. Cette évolution a eu lieu au cours des années 80 et s’est accentuée depuis le début du XXIe siècle, notamment à cause du choc créé par les recherches sur les systèmes scolaires européens (PISA). En effet celles-ci ont dévoilé un net retard du système scolaire allemand par rapport aux résultats des Scandinaves, notamment de la Finlande. Par ailleurs, face à la mondialisation, les spécialistes constatent la nécessité de passer de méthodes frontales (type cours magistral) à des méthodes constructivistes habituant l’apprenant à construire son savoir lui-même, seul ou en groupe. Une méthode active très répandue en Allemagne, surtout dans l’apprentissage des langues, est Lernen durch Lehren (LdL).
Source : Wikipédia